Une amie me disait récemment qu’elle ne s’est pas sentie maman immédiatement à la naissance de sa première fille. Le lien n’était pas là. Cela a nécessité du temps, elle a dû construire ce lien, se découvrir en tant que maman. Ensemble, elles ont dû bâtir l’équipe « maman-enfant » qui ne s’était pas créée naturellement. Cette situation a engendré une profonde culpabilité de ne pas être la maman qu’elle aurait souhaité pour sa fille, d’autant plus que, pour sa deuxième fille, l’amour maternel était immédiat et puissant.
Et vous, quand vous êtes-vous sentie maman ? Si cette question vous surprend, c’est sans doute que le lien avec votre enfant s’est créé naturellement ou que vous n’y avez jamais vraiment réfléchi ou que ces sentiments ont été, plus ou moins, occultés. Pas facile de s’avouer que l’on n’a pas aimé inconditionnellement son enfant dès les premières secondes.
En vérité, nous ne devenons pas toutes « maman » au même moment. Le lien maman-enfant n’est pas toujours au rendez-vous au premier regard comme on l’imagine et comme on nous l’a souvent dit…
« Le premier regard est magique… »
« Quand tu as ton enfant sur ton ventre pour la première fois, tu oublies tout, tu oublies les douleurs interminables… »
Mais quand ce moment magique n’est pas là… cela peut être profondément déstabilisant et culpabilisant.
Si vous vous reconnaissez dans cette situation (ou si une de vos amies y est, partagez !), cet article va vous aider à comprendre ce qui se joue lorsque l’on devient parent et vous aider à être plus douce avec vous-même.
Etre maman, ça veut dire quoi ?
Commençons par le commencement ! Et pour répondre à cette question, je vais m’appuyer sur la terminologie très intéressante employée par Brigitte Denis, ancienne kinésiologue québécoise et conceptrice de la méthode « La parole au bébé ».
La mère génitrice
Elle distingue « mère » et « maman » (et « père » et « papa », bien sûr). La mère est la génitrice. Celle qui, d’un point de vue physiologique, a conçu l’enfant. Nous avons tous une mère et un père.
La maman accompagnante
Mais une mère est-elle toujours une « maman », c’est-à-dire une personne qui accompagne l’enfant au quotidien et qui répond à ses besoins à l’image de la célèbre pyramide de Maslow :
- besoins physiologiques de son enfant (manger, boire, dormir…)
- besoins de sécurité (physique, psychique, affective, émotionnelle…)
- besoins d’appartenance (amour, sentiment d’appartenir à une famille, une fratrie, d’être aimé, respecté…)
- besoins d’estime de soi (développe la confiance en soi, la considération…)
- besoins d’accomplissement (aide à la réalisation de soi, de ses rêves, aspirations…)
Une mère / un père - plusieurs mamans / papas
Donc, la mère, c’est celle qui conçoit et donne la vie, au mieux elle répond aux besoins primaires de l’enfant ; la maman, c’est celle qui accompagne l’enfant tout au long de sa vie en posant un cadre sécurisant et élève son enfant (au sens noble du terme).
Selon cette définition, un enfant ne peut avoir qu’une seule mère / un seul père, mais peut avoir plusieurs mamans ou plusieurs papas (comme dans les couples homosexuels) ou une mère/un père et une maman / un papa différents (dans le cas d’une adoption par exemple).
Une de mes meilleures amies appelait son père, parti lorsqu’elle était toute petite « mon géniteur » et était, au final, bien plus proche de son beau-père avec qui elle avait vécu.
Une femme enceinte peut-elle être déjà maman ?
Nous parlons souvent de « future maman » pour désigner une femme enceinte, mais n’est-elle pas déjà maman ? Ne commence-t-elle pas à créer un lien avec son bébé, à lui parler, à lui préparer le meilleur accueil possible ? Pourquoi une femme enceinte qui a subi une interruption de grossesse (qu’elle soit volontaire, naturelle ou médicalisée) ressent-elle autant de souffrance ?
Aussi le terme de « future maman » serait davantage adapté aux femmes en pré-conception, c’est-à-en « projet bébé », mais pas encore enceinte.
J’aime bien l’expression anglaise « mom-to-be » (ou ‘’maman-en-devenir’’), qu’utilise beaucoup Brigitte Denis, et qui décrit mieux cette transition vers la maternité : une mère en train de devenir maman.
Des situations multiples
Tous ces termes sont extrêmement intéressants de mon point de vue, mais ne sont que des mots qui ne représentent pas la multitude de situations possibles.
Que dire d’une jeune fille de 15 ans qui se rêve déjà maman, sans pour autant être enceinte et qui peut se sentir déjà plus maman qu’une femme enceinte ?
Une femme qui vit un déni de grossesse est physiologiquement « mère », mais peut-elle être qualifiée de « maman en devenir » ?
Certaines se sentent maman dès l’annonce de la grossesse… D’autres, dès qu’elles sentent bouger bébé pour la première fois… D’autres, à la première écho, en entendant le cœur battre… D’autres encore ont vécu des interruptions de grossesse et ne veulent pas se projeter en tant que « maman » tant qu’elles ne sont pas sûres que « ça tienne »…
Certaines femmes enceintes ne garderont pas leur bébé : sont-elles quand même des « mamans en devenir » ?
Certaines mères ne se sentiront jamais maman.
Ce qu'il faut retenir
L’essentiel ici est de comprendre que :
- C’est la réponse aux besoins de l’enfant, et notamment les besoins affectifs au sens large (plus on monte dans la pyramide), qui fait d’une mère une maman ;
- le terme « maman en devenir » montre que devenir maman est un processus (ce n’est pas forcément immédiat) et chaque processus a sa propre temporalité ;
- Il n’existe pas de moule universel contrairement aux idées reçues.
Pourquoi les choses ne se passent pas comme on l’espère ?
Il n’existe pas de maternité unique, cela sous-entend que tout est possible, et notamment que la réalité soit différente de nos projections. La question première serait donc plutôt « pourquoi je vis mal ma propre expérience de la maternité ? ».
Notre système de croyances en action
Notre vision de la maternité est influencée par ce qu’on nous a dit, ce que nous avons observé, et ce que nous avons imaginé. Si les choses se passent comme prévu, tout va bien.
Mais parfois, la vie nous amène des situations imprévues pour casser nos systèmes de croyances et gagner en souplesse. Deux options : soit on suit le mouvement, on réajuste le système avec nos nouvelles données et c’est relativement fluide ; soit on résiste et notre juge intérieur nous désigne « coupable » !
Notre recherche de contrôle
L’inconnu et l’impuissance sont angoissants, ce qui nous pousse à vouloir contrôler soi-même, les événements, les autres, etc), pour nous rassurer. Mais nous oublions que le contrôle total est impossible. Et lorsque les choses ne se déroulent pas selon notre plan, c’est encore plus pénible à vivre et on s’en veut de ne pas avoir réussi à maîtriser.
J’aime beaucoup cette phrase que j’ai canalisé qui est « la puissance est dans mon impuissance ». Ce qui veut dire que moins je recherche à contrôler, plus je rentre dans ma puissance car moins je suis impactée par les turbulences de la vie, plus je danse avec la vie.
L’image de la mère parfaite
La maternité s’accompagne de nombreuses injonctions sociétales et familiales, mais aussi du réveil des mémoires (les blessures de nos lignées de femmes et des femmes que nous avons été) et avec elles, le devoir d’être à la hauteur de ce rôle de mère. Alors ne pas ressentir l’amour attendu pour son enfant peut provoquer honte et culpabilité.
Quel impact sur notre enfant ?
Même si le lien à du mal à s’installer, nous n’en sommes pas moins conscientes que notre enfant peut ressentir ce « non amour » et notre difficulté à établir le lien. Cette situation peut créer toute sorte de peurs, angoisses, colère, qu’à cause de nous, notre enfant ait des séquelles émotionnelles, qu’il n’arrive pas à se construire correctement, etc. Une maman me disait même : « je suis un monstre ». Quel fardeau à porter !
Avez-vous noté les points communs ?
Ce qui se cache derrière la recherche de contrôle, la recherche de la mère parfaite (aux yeux des autres et de son propre regard), les peurs, les colères, nos systèmes de croyances… c’est la non-acceptation de ce qui est et la culpabilité !
Pourquoi le lien ne se crée pas de façon fluide pour moi ?
Maintenant que l’on a compris pourquoi nous vivons mal ce que nous n’acceptons pas, qu’est-ce que fait que pour certaines personnes les choses se font de façon fluide et pour d’autres beaucoup moins ? La réponse est dans notre Histoire (dans cette vie, mais aussi transgénérationnelle et karmique) et dans ce que notre âme a choisi d’expérimenter.
Ce que nous avons vécu depuis notre conception
Devenir maman réveille nos mémoires, nos blessures de femme. Illustrons.
Vous avez vécu un abus dans votre jeunesse et vous mettez au monde une petite fille : votre blessure vous dit « J’ai mis au monde une fille, vulnérable, fragile, qui risque de souffrir autant que j’ai souffert ». Si c’est un garçon que vous avez mis au monde, votre blessure vous dit « j’ai mis au monde un garçon, et s’il faisait souffrir les filles autant que j’ai souffert ». Dans les deux situations, ce bébé réveille cette blessure en vous. Conséquence : vous vous fermez pour ne plus souffrir. Tout ceci peut se jouer à un niveau conscient ou inconscient.
On sait aujourd’hui que la péridurale joue sur la création du lien mère-enfant, comme si elle anesthésiait notre cœur en même temps que notre bassin. Un accouchement difficile, traumatique peut également affecter la création du lien.
Des relations conflictuelles avec votre propre mère peut impacter la relation avec votre enfant.
Ce que nos ancêtres ont vécu, nos mémoires transgénérationnelles
Imaginez que vous ayez des ancêtres qui ont perdu beaucoup d’enfants (ce qui n’est pas rare), si les souffrances sont restées engrammées dans l’énergie familiale, votre âme en s’incarnant a peut-être choisi de « prendre ce dossier » pour le traiter. Et quand s’intéresse-t-on à un « dossier en attente » ? Quand il nous crée un inconfort, un blocage, une douleur dans notre vie. C’est ce qui va nous pousser à chercher la cause et des solutions.
Le vécu de notre âme, nos mémoires karmiques
Je reprends l’exemple de cette amie dont je parlais au début. Pourquoi le lien a été difficile pour la première et pas la deuxième. Imaginez que dans une précédente incarnation, elle était une maman qui a perdu son premier bébé. La douleur était telle qu’elle s’est imprimée au fer rouge au cœur de son âme. Dans cette nouvelle incarnation, son âme décide de ne pas s’attacher à ce premier enfant pour ne pas souffrir à nouveau (peur de le perdre).
L’âme de mon amie pourrait ainsi avoir à travailler dans cette nouvelle vie, le fait de guérir cette blessure, de croire qu’elle peut donner tout son amour à ses enfants, quel que soit le rang.
Et comme la relation maman – enfant est un partenariat, l’âme de sa fille peut avoir choisi ce début de vie pour expérimenter le non-amour de sa mère, apprendre à développer l’amour pour elle-même au-delà de l’amour des autres, apprendre à construire une relation, etc.
Votre ressenti (ou manque de ressenti) est une alerte
Concrètement, cela signifie que ce que vous ressentez doit être pris comme une alerte. Le signe que la naissance de votre enfant ravive une blessure (peut-être inconsciente) qui ne demande qu'à être guérie. Découvrez comment je peux vous accompagner dans cette démarche.
Pourquoi toutes les femmes devraient savoir ça
Si vous l'avez vécu
Savoir que tout est expérience et apprentissage, du point de vue de l’âme, aide à prendre du recul et à déculpabiliser. Vous n’êtes pas une mauvaise personne si vous n’avez pas de lien immédiat et profond avec votre enfant. C’est une expérience de vie choisie par deux âmes. Il n’y a ni bourreau ni victime.
Même si vous ne l'avez pas vécu
Avoir conscience de cela permet de ne pas juger les mamans qui vivent cette situation, d’être dans l’empathie, de les accompagner du mieux possible, aider les femmes a en parler et de, toutes ensembles, guérir nos féminins blessés.
Cela permet de démystifier le sujet, de préparer nos filles et nos garçons à leur propre parentalité, et de sortir de la culpabilité. C’est s’autoriser à se respecter, s’honorer et s’aimer, quoi que l’on pense, ressente, dise ou fasse.
Un dernier mot
Devenir maman est un processus, il n’existe pas de règle, de moule, de temporalité unique. Ce sont nos croyances qui nous font croire que nous ne sommes pas normales si la réalité ne colle pas parfaitement à notre vision. N’oublions pas que tout est expérience et apprentissage du point de vue de l’âme : trouvez le cadeau caché dans cette expérience, pour vous et votre enfant, et vous pourrez aller de l’avant et, je l’espère, apprendre à vous aimer un peu plus chaque jour.