Magali FONTAINE
Kinésiologie à La Farlède

Magali FONTAINE, Kinésiologue - Energéticienne à La Farlède, Brignoles et à distance.

La Matrescence : la Naissance d'une Mère


Depuis que je suis maman, je considère l’anniversaire de ma fille, un peu comme mon anniversaire aussi… Celui du jour où je suis née maman. Et, depuis que je suis maman, lorsque je souhaite l’anniversaire d’un enfant, j’ai toujours une petite pensée pour la maman aussi. Et oui, le jour de la naissance d’un enfant, deux êtres naissent : le bébé et la maman.

Et cela peut-être extrêmement bouleversant pour l’un comme pour l’autre. Une naissance est l’un des plus grands passages dans une vie : le bébé vient au monde, une femme devient maman.

Devenir mère est un bouleversement profond, multidimensionnel, complexe qui touche notre être, notre cœur, notre identité. C’est ce que l’on appelle la matrescence.

Et oui, tu pensais peut-être être une mauvaise mère parce que tu regrettes ta vie d’avant (même si tu aimes profondément tes enfants), ou parce que tu craques quand ton bébé pleure tout le temps, que tu te mets à pleurer parce que tu ne te souviens plus à quelle heure ton bébé a pris son dernier bib… Et bien non, et ça porte un nom, la matrescence.

Aux racines de la matrescence

Un concept pas si récent

Le terme matrescence a été créé dans les années 1970 par l’anthropologue américaine Dana Louise Raphaël, qui a également popularisé le rôle des doulas, ces accompagnantes périnatales. Inspiré de l’adolescence qui marque le passage de l’enfance à l’âge adulte, ce concept de matrescence met en lumière les transformations profondes de l’identité d’une femme lorsqu’elle devient mère. Ce terme vient d’ailleurs de la contraction de « maternité » et « adolescence ».

Et pourtant encore peu connu

Ce concept a ensuite été popularisé aux États-Unis par la psychiatre Alexandra Sacks dans les années 2010, puis en France par Clémentine Sarlat grâce à son podcast La Matrescence. Mais ce concept reste encore peu connu, peu évoqué et pourtant… il est tellement essentiel dans la vie d’une femme ! Alors on essaie d’y remédier un peu plus aujourd’hui avec cet article.

Une transition majeure dans la vie d’une femme

La matrescence est donc une période de changements intenses — physiques, psychologiques, émotionnels et hormonaux — qui peut durer jusqu’à trois ans après la naissance d’un enfant, même si elle n’a pas de durée fixe. Que ce soit lors du premier enfant ou des suivants, chaque matrescence est unique et porte en elle un potentiel de réinvention.

C'est quoi précisément, la matrescence ?

Découvrons plus en détail ce que revêt la matrescence.

Un tourbillon de changements

La matrescence peut ressembler à un ouragan qui va tout balayer sur son passage. Elle touche toutes les sphères de la vie d'une femme, jusqu’au plus profond de son être, de son identité - Soit dit en passant, la patrescence existe aussi. Les bouleversements sont multiples :

Psychologiques : identité, priorités…

Devenir maman amène énormément de questionnements, notamment identitaires, qui sont plus ou moins conscients. On n’a pas toujours vraiment le temps de philosopher sur le sujet entre deux couches et trois biberons, mais pourtant, on peut ressentir un mal-être diffus, un « je ne sais plus vraiment qui je suis », « je ne sais plus vraiment ce que je veux », « je ne sais plus où j’habite »… Ce qui peut être particulièrement déstabilisant au moment même où un petit être dépendant a besoin pleinement de nous, solide, sécurisante.

Et il faut à présent jongler avec une nouvelle priorité dans sa vie : son bébé. Il peut être difficile de faire passer ses autres priorités au second plan quand, par exemple, tu dois annuler une réunion parce que bébé a décidé que sa couche serait the place to be juste avant le départ à la crèche.

Emotionnels : Ambivalence des sentiments entre joie, peur, doute et culpabilité.

Les montagnes russes au parc d’attraction, c’est ton truc ? Non ? Dommage ! Parce que pendant la matrescence, nous sommes gâtées ! Joie, amour inconditionnel, fierté, déception, tristesse, solitude, doute, peur, culpabilité, fatigue, incompréhension, rires, pleurs, pleurs en riant, rires en pleurant… Un vrai feu d’artifice !

Sociaux : un tournant dans les relations

La dynamique des relations avec le conjoint, la famille, et les amis change irrémédiablement. Les amis sans enfants peuvent parfois avoir du mal à comprendre qu’une sortie improvisée au ciné est devenue un exploit logistique : "Attends, il faut que je trouve une babysitter, tire mon lait, prépare un repas, et croise les doigts pour qu’il ne pleure pas toute la soirée."

Et la famille et ses fameux "conseils" bien intentionnés, on en parle ? "Tu le portes trop", "Tu ne le portes pas assez", "Dans mon temps, on faisait comme ci…"

Une nouvelle maman peut rapidement se sentir comme une funambule, essayant de jongler entre ses propres instincts et les attentes de son entourage… et finalement préférer la solitude.

Sexuels : Redéfinition du désir et de l’intimité.

La matrescence affecte aussi la vie intime. Après l’accouchement, le désir peut être en mode pause, et ce n’est pas grave. C’est une phase normale. Le corps d’une femme a traversé une révolution, tout le corps a été mis au service de la création, puis du prendre soin de ce petit être… il est normal que se reconnecter à soi-même prenne du temps, avant même de pouvoir se connecter à l’autre.

Conjugaux : Apprendre une nouvelle danse

Devenir parents, c’est comme apprendre une toute nouvelle chorégraphie de couple. L’équilibre change, les rôles évoluent, et il faut ajuster les pas, parfois maladroitement. Qui fait quoi ? Qui se lève la nuit ? Qui s’occupe de remplir le frigo ? Ces questions, aussi simples soient-elles, peuvent parfois provoquer des tensions.

L’ambivalence : une expérience normale

La matrescence est souvent marquée par des émotions contradictoires. Une maman peut aimer profondément son bébé tout en regrettant sa vie d’avant. Tu peux regarder ton bébé dormir paisiblement, être submergée par un amour que tu ne pensais pas possible… mais cinq minutes plus tard, quand il se réveille pour la quatrième fois de ses micro-siestes, être au bord des larmes en te demandant si tu arriveras un jour à avoir juste une heure devant toi. La matrescence, c’est ça : tout ressentir, souvent tout en même temps.

Cette ambivalence, inconfortable et source de bien des culpabilités, est toutefois une part intégrante et normale de cette transition.

Faire le deuil du bébé rêvé

Avant la naissance, on a souvent tendance à faire des projections, à rêver son bébé, l’imaginer… "Il aura mes yeux et le sourire de son papa", ou encore "Ce sera un bébé calme qui dormira toute la nuit… évidemment !" La rencontre avec le bébé réel peut nécessiter un travail d’acceptation pour éteindre ce fantasme et accueillir pleinement l’enfant tel qu’il est.

Une culpabilité et honte sociétales : Bye-bye, la mère parfaite

Ah, la fameuse image de la mère parfaite : calme, souriante, immaculée dans sa robe blanche, un bébé heureux dans les bras… Bref, Kate Middleton posant devant les photographes toute pimpante quelles heures à peine après son accouchement. Désolée Kate, mais là, ça nous aide pas ! Parce que la réalité, c’est plutôt pyjama, grosses couches post-partum, marcher comme une grand-mère, des cernes qui descendent jusqu’aux joues et les cheveux en vrac.

Dans cette société qui encense la perfection, chaque "manquement" peut sembler monumental, mais encore une fois, rappelons que la mère parfaite est une illusion. Alors apprenons à prendre du recul, accepter qu’on ne peut pas tout contrôler et être douce avec soi-même.

Transmission Intergénérationnelle : des bagages invisibles

Devenir mère, c’est souvent comme ouvrir une boîte à souvenirs qu’on croyait bien fermée. On se surprend à entendre dans notre tête la voix de notre propre mère : "Fais attention à ça", "Tu devrais faire comme ci", ou même "C’est pas comme ça qu’on élève un enfant". Parfois, on veut reproduire ce qu’on a connu parce que cela nous rassure. D’autres fois, on décide de faire tout l’inverse, pour ne pas répéter les blessures qu’on a vécues.

Bref, une belle mixture cette matrescence !

Matrescence ou Dépression Post-Partum : deux réalités à ne pas confondre

L’arrivée d’un enfant est une expérience bouleversante, mais toutes les émotions qui en découlent ne relèvent pas du même phénomène. Entre la matrescence, un processus naturel de transformation, et la dépression post-partum, un trouble psychologique qui nécessite une prise en charge, il est parfois difficile de faire la distinction. Pourtant, comprendre ces différences est essentiel pour mieux vivre cette période ou soutenir une nouvelle maman.

La matrescence : une métamorphose normale

La matrescence, comme nous l’avons vu, est un processus d’évolution profonde. Elle s’apparente à une métamorphose qui touche à l’identité, aux émotions, et au corps de la femme. Un peu comme l’adolescence, elle peut être marquée par des montagnes russes émotionnelles, mais elle reste une phase normale et qui fait partie du processus de construction d’un nouveau rôle, celui de maman.

La matrescence implique aussi une adaptation constante. Les nuits blanches, les défis de l’allaitement ou les pleurs inconsolables du bébé peuvent faire vaciller les certitudes, mais ils sont autant de jalons dans cette transition vers une nouvelle identité. Avec du soutien, de l’écoute et du temps, la matrescence tend à s’apaiser, laissant place à une maternité plus sereine.

La dépression post-partum : une souffrance qui nécessite de l’aide

À la différence de la matrescence, la dépression post-partum est une pathologie qui va au-delà des ajustements émotionnels normaux. Elle touche environ 10 à 20 % des mères (source : ameli.fr) et peut apparaître dans les semaines ou les mois suivant la naissance.

Les signes de la dépression post-partum sont souvent plus intenses et durables : une tristesse profonde, un sentiment de vide, une fatigue accablante qui ne disparaît pas avec le repos, une perte d’intérêt pour les activités habituelles, voire une indifférence ou un rejet envers le bébé. Certaines mères peuvent se sentir isolées, submergées ou incapables de prendre soin de leur enfant, avec parfois des idées noires ou un sentiment d’être une "mauvaise mère".

Comment faire la différence ?

Les frontières entre matrescence et dépression post-partum peuvent sembler floues, mais quelques éléments permettent de les distinguer :

  • Intensité des symptômes : La matrescence peut provoquer de l’ambivalence et de la fatigue, mais ces états sont généralement temporaires et fluctuants. En revanche, la dépression post-partum entraîne une détresse persistante et intense.
  • Impact sur le quotidien : Si une mère parvient à s’occuper de son enfant, même avec des hauts et des bas, elle traverse probablement une matrescence. Si elle se sent paralysée ou dépassée à un point tel qu’elle ne peut plus fonctionner, il est possible qu’elle souffre de dépression.
  • Durée : Les défis liés à la matrescence s’atténuent avec le temps et le soutien. La dépression post-partum, elle, ne disparaît pas d’elle-même et peut s’aggraver sans aide professionnelle.

Résumons

Bien qu’elles partagent certains symptômes, la matrescence et la dépression post-partum sont différentes et il est essentiel de bien les distinguer.

  Mastrescence Dépression du post-partum
Nature Processus de transition normal Maladie
Symptômes Fatigue, émotions ambivalentes, changement d’humeur, questionnement identitaires Tristesse profonde, repli sur soi, troubles de l'alimentation, du sommeil, de la mémoire, indifférence envers le bébé, idées noires, profond découragement par rapport au bébé
Prise en charge Soutien émotionnel, entourage bienveillant, s’informer Accompagnement médical et psychologique
Quand consulter En cas de doute ou de souffrance importante Immédiatement en cas de symptômes dépressifs

Clés pour vivre au mieux sa matrescence

Traverser la matrescence peut être une aventure intense, mais voici quelques pistes pour alléger ce passage et en faire une étape plus douce.

S’informer

La matrescence peut être déroutante lorsqu’on ne comprend pas ce qui se passe en soi. Prendre le temps de lire des articles, des livres ou d’écouter des podcasts sur le sujet permet de mettre des mots sur ce que tu vis, comme savoir que c’est ok de ressentir à la fois de l’amour profond et un sentiment d’étouffement. Mieux informée, tu peux aussi plus facilement expliquer à tes proches ce que tu traverses et qu’ils soient là pour toi.

N’hésite pas à diffuser cet article à une amie qui traverse cette période.

En parler et s’entourer de bienveillance

On ne le dira jamais assez, les émotions refoulées ont tendance à s’amplifier et rejailliront un jour sous une forme ou une autre. Ton entourage joue un rôle clé. Exprime ce que tu ressens à une amie, une sœur, ton partenaire… Rejoins des groupes :

  • dans des associations locales comme l'association Elles Sèment (facebook et Instagram) à la Farlède (Var) dédiée au bien-être et développement personnel de la femme
  • ou des centres périnataux comme le centre périnatal Morgane Lemahieu à Brignoles (Var) dans lequel de nombreux professionnels sont là pour t’accompagner en atelier, groupe de parole ou rendez-vous individuels…

Prendre soin de soi

Cela peut te sembler aussi évident qu’impossible en t’occupant d’un bébé. Pourtant même cinq minutes pour savourer une tasse de thé chaud ou sortir sur la terrasse pour respirer l’air frais ou une petite balade avec bébé en poussette peuvent te faire un bien fou.

Accepter l’imperfection

La perfection n’existe pas, surtout pas en parentalité ! Apprendre à lâcher prise sur les petits détails peut être libérateur. Et surtout n’oublie pas que ton enfant et toi, vous vous êtes choisis. Il a donc choisi ton imperfection et c’est cette imperfection qui va lui donner les clés pour grandir et évoluer.

Communiquer avec le co-parent

La matrescence affecte souvent la dynamique du couple. Il est crucial d’ouvrir un dialogue honnête et régulier. Partage tes émotions, tes besoins, et tes attentes. Si tu te sens dépassée, dis-le : "Je suis épuisée, j’ai besoin que tu prennes le relais ce soir." Ce n’est pas une faiblesse, c’est une preuve de confiance dans ton équipe parentale.

Alléger la charge mentale

La charge mentale peut devenir un vrai fardeau pour les jeunes mamans. N’hésite pas à déléguer. Cela peut être aussi simple que demander à ton partenaire de gérer les courses ou de s’occuper du bain. Et si ta liste de choses à faire te paraît interminable, autorise-toi à la réduire. Tout n’a pas besoin d’être fait tout de suite, tout n’est pas essentiel.

Un très bon outil pour démarrer dans la compréhension et la libération de ta charge mentale est le défi gratuit que j'ai créé : "Défi 5 jours - 10 min par jour pour alléger sa charge mentale" !

Fais-toi accompagner

Et bien évidemment, l’accompagnement d’un professionnel peut-être d’une grande aide. La kinésiologie peut aider à apaiser les émotions, comprendre les mémoires qui remontent dans ce grand chamboulement et aider à retrouver un équilibre.

Une réinvention à accueillir

La matrescence est une aventure à la fois magnifique et exigeante. Elle redéfinit la femme, la compagne et la mère. En apprenant à comprendre et à accueillir ce processus, les femmes peuvent vivre cette transformation avec plus de sérénité, de force et de joie. C’est un chemin de découverte de soi, une opportunité de grandir en même temps que l’enfant que l’on met au monde.

Partage aux femmes (et aux hommes) de ton entourage. Contribue à faire connaître ce processus naturel pour que les femmes soient toujours mieux comprises (par elles et l’entourage) et accompagnées.

Et si tu te reconnais ici et que tu ressens le besoin d’être accompagnée, découvre ici comment je peux d’accompagner.


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