La culpabilité, c’est mon dada ! Moi qui adore décortiquer nos mécanismes, comprendre nos schémas de fonctionnement, celui-ci est juste… fascinant ! C’est la thérapeute passionnée qui parle.
Mais, en tant qu’humaine sujette à cette culpabilité, elle peut rendre dingue… en fait, elle peut carrément nous faire très mal. Et en tant que maman, en tant que femme, elle peut être particulièrement destructrice. Et on ne veut pas ça, n’est-ce pas ? (ne serait-ce que pour nos enfants…)
C’est la raison pour laquelle j’ai préparé une série de 4 articles (il n’en fallait pas moins) pour aller explorer ce mécanisme et te donner toutes les clés pour t’en libérer.
On démarre tout de suite avec le premier article de la série qui va nous permettre de comprendre et de repérer cette émotion. C’est une étape essentielle, car on ne peut pas combattre son ennemi si on ne le connaît pas, pas vrai ?
La culpabilité : amie ou ennemie ?
Avant de déclarer la guerre à la culpabilité, il est essentiel de comprendre qu’elle n’est pas toujours négative. En réalité, il existe deux types de culpabilité :
La culpabilité saine : notre GPS moral
Imagine que tu es au volant de ta voiture et tu grilles un feu rouge… Tu te fais verbalisée par la police. Tu es coupable car tu as commis objectivement une faute, tu n’as pas respecté le code de la route, et la conséquence aurait pu être très grave pour toi et les autres usagers de la route. Tu vas payer l’amende, dans quelques mois tes points seront recrédités, tu auras « payé » pour ta faute, donc réparé et tout va rentrer dans l’ordre.
C’est ça, la culpabilité saine : elle est un garde-fou. Elle nous empêche de faire des choses qui seraient contraires à la morale, à l’éthique et qui pourraient faire du mal à autrui. Elle nous aide à préserver la cohésion sociale. Elle est aussi un rappel que tu peux réparer une erreur et en tirer une leçon. Elle est donc utile, car il y a fort à parier que tu feras plus attention à l’avenir.
La culpabilité pathologique : l’alerte intempestive
Maintenant, imagine que tu culpabilises de vouloir prendre une soirée rien que pour toi. Personne n’est lésé (en vrai), mais cette petite voix te murmure : "Tu ne peux pas laisser ton enfant à une babysitter. Une bonne mère resterait avec son enfant, c’est son rôle." Là, on entre dans le domaine de la culpabilité pathologique. Elle se nourrit de croyances, de perfectionnisme et de règles personnelles souvent irréalistes.
Notre vrai fléau, c’est cette culpabilité-la. Car, comme nous sommes notre propre juge (et que nous sommes le pire juge qui soit pour nous), on peut se faire payer ce qu’on considère être une faute, très longtemps et très durement.
Exercice : Evalue tes culpabilités
Je te propose un petit exercice. Prends une feuille ou un carnet et liste toutes les situations où tu te sens coupable. Ensuite, pour chaque élément, demande-toi : Est-ce une culpabilité saine – une faute a objectivement été commise, a causé du tort à quelqu’un - ou pathologique – objectivement, pas de faute, juste un jugement de ta part par rapport à tes croyances ? Ce simple exercice peut déjà éclairer bien des aspects de ton quotidien.
Où se cache la culpabilité ?
Maintenant que tu as compris la différence entre une culpabilité saine et une culpabilité pathologique, il est important de découvrir où se loge cette culpabilité erronée. Car parfois, elle est évidente (on sait qu’on s’en veut de quelque chose), mais parfois elle est plus sournoise. On pourrait voir la culpabilité comme une pieuvre : elle a mille tentacules et sait se faufiler partout. Voici quelques-unes de ses cachettes préférées :
Derrière les séparations non digérées
Tu as repris le travail trop tôt après ton congé maternité et a dû laisser ton enfant à la crèche ; tu as arrêté l’allaitement, mais ce n’était pas un vrai choix pour toi. Tu as quitté le père de ton enfant. Derrière ces séparations / ruptures / cassures, si elles sont mal acceptées, peut se cacher de la culpabilité (de faire des mauvais choix, de ne pas faire assez bien).
On peut même remonter plus loin : tes parents ont divorcé quand tu étais petite et tu ne l’as jamais vraiment digéré ; tu as perdu un être cher et tu n’acceptes pas son départ. Une partie de toi peut s’en vouloir, penser que c’est de sa faute, ou regretter de ne pas avoir dit ou fait quelque chose.
Je vais te partager un exemple qui est très parlant selon moi et qui illustre parfaitement cette culpabilité pathologique liée aux séparations non acceptées : les populations issues de l’immigration sont souvent confrontées à la culpabilité. Elles ont été « coupées » de leur terre, de leur culture, de leur famille (séparées) : « je n’ai pas réussi à rester sur mes terres, à les transmettre à mes enfants… ». La culpabilité est là, alors qu’objectivement, elles n’ont rien à se reprocher. Au contraire, elles ont fait ce qui leur semblait être le mieux à un moment donné pour leur famille.
Derrière des émotions comme la colère ou la peur
Tu as peur d’avoir fait le mauvais choix concernant le mode de garde de ton enfant => tu culpabilises de ne pas le garder toi-même.
Tu as peur que ton ado « tourne mal », il a des fréquentations douteuses en ce moment => tu culpabilises, tu te dis que tu as raté quelque chose dans son éducation, que tu aurais dû faire les choses différemment.
Tu es en colère contre la vie car ta grossesse a été interrompue => au fond, tu es en colère contre toi et tu culpabilises de ne pas avoir pu protéger ton bébé, de ne pas avoir été capable de mener cette grossesse à terme (on est d’accord qu’on est clairement sur une culpabilité pathologique car tu n’es fautive de rien).
On voit ici que ce n’est pas toujours la culpabilité qui est mise au premier plan.
Derrière nos comportements à tendance "yin" (intériorisés) ou "yang" (extériorisés)
Lorsque l’on a tendance à se replier sur soi, s’auto-punir, se faire du mal (intériorisé) - « je suis trop nulle, je ne mérite pas d’être heureuse… » - ou au contraire, à critiquer les autres, rejeter la faute sur les autres, se justifier… (extériorisé) - « c’est de la faute de mon conjoint, il ne m’aide pas suffisamment » - tout cela peut être des signes qu’au fond, nous culpabilisons pour quelque chose.
Derrière un besoin de contrôle
Tu veux tout bien faire, tout prévoir, tout gérer… et à chaque imprévu, à chaque échec, la culpabilité te rattrape. L’équation est simple : « pas capable = coupable ». Et dans notre parentalité, on peut vite se dire « je n’y arrive pas (pas capable), c’est de ma faute, je suis une mauvaise mère (coupable) ».
Et le double effet kisscool, c’est que ce mécanisme alimente la charge mentale : le contrôle étant impossible, on va se mettre encore plus la pression, essayer de faire toujours mieux (perfectionnisme) et échouer (culpabilité). Et ainsi de suite.
Je t’ai préparé un petit quiz pour déterminer où se cache la culpabilité chez toi. Télécharge-le ici
Débusquer les croyances limitantes
Nous l’avons vu, nos culpabilités pathologiques s’appuient sur nos croyances.
Qu’est-ce qu’une croyance ?
Une croyance est quelque chose que l’on croit vrai. Mais elles sont en fait comme des lunettes déformantes * qui altèrent notre perception de la réalité. C’est notre vérité, mais pas forcément la vérité.
Il existe des croyances nourrissantes – qui vont nous faire avancer, grandir, évoluer – et des croyances limitantes qui nous maintiennent dans des schémas de fonctionnement bloquants.
Nos croyances peuvent venir de nos expériences, ce que l’on a vécu, mais aussi de ce que nos parents, ancêtres ont vécu (nos mémoires transgénérationnelles) et qui se transmet dans l’énergie familiale ou dans l’inconscient collectif ou ce que notre âme a vécu (nos mémoires karmiques).
Déconstruire une croyance
Il est important de pouvoir identifier nos croyances limitantes pour pouvoir les remettre en question, pour les réinterroger et nous permettre d’avancer dans notre vie.
Par exemple : tu peux avoir la croyance que « tous les hommes font souffrir les femmes », parce que toi-même tu as vécu des relations toxiques, que ta mère et ta grand-mère n’ont pas eu de mariage heureux et que ça remonte peut-être à plus loin encore dans tes lignées sans que tu le saches, et ton âme a peut-être aussi expérimenté « l’homme toxique ».
Objectivement, tu reconnaîtras que c’est ta croyance, mais pas une vérité absolue. Il existe des hommes bien sur Terre, heureusement ! Donc si tu travailles sur cette croyance, peut-être la transformeras-tu en « les hommes peuvent être respectueux des femmes » et il y a fort à parier que tu rencontreras à présent des hommes plus respectueux (car tu auras changé ta vibration et on attire ce qu’on vibre ).
Dans cet exemple, on comprend que le blocage dans ta vie, c’est le fait que tu ne rencontres que des hommes qui te font souffrir. C’est cette souffrance qui t’invite à creuser le pourquoi du comment et tu découvres que transformer cette croyance est la clé pour transformer tes relations toxiques.
Déconstruire les croyances qui alimentent ta culpabilité
Revenons à notre culpabilité. Elle est ton alerte, ta souffrance à aller explorer et qui t’invite à découvrir quelle croyance te met dans cette culpabilité.
Exemple : tu culpabilises d’avoir crié sur ton enfant (souffrance). Tu réalises que tu portes la croyance : « une bonne mère doit tout donner à ses enfants, tout faire, être là pour eux, les protéger » - je suis sûre que là, dans ta tête, tu es en train de te dire « bah oui, c’est ça, ce n’est pas bien si je crie ». Mais si tu travailles cette croyance, peut-être amèneras-tu un peu de douceur, de bienveillance envers toi-même et que tu réaliseras « mes enfants ont besoin d’une maman qui fait de son mieux, pas d’une maman parfaite ». En transformant ta croyance, tu libères ta souffrance, c’est-à-dire ta culpabilité.
Maintenant, c’est à toi de jouer ! Pour chaque culpabilité pathologique que tu portes, va chercher quelle croyance se cache derrière et demande-toi comment tu peux l’assouplir, la transformer.
Besoin d’un coup de main pour identifier et transformer tes croyances limitantes ? N’hésite pas à solliciter un thérapeute.
Une nouvelle perspective
Comprendre, repérer la culpabilité et les croyances qui se cachent derrière elle est la première étape pour t’en libérer. Assouplir nos croyances, c’est ne plus donner à manger à notre petit juge intérieur⚖️ si dur avec nous-même et finalement, être plus douce avec soi.
Ressentir de la culpabilité est normal et humain, si je puis dire. Mais, aujourd’hui, l’humanité a besoin de sortir de ses vieux schémas, elle a besoin de panser ses plaies : ne plus laisser la culpabilité envahir et diriger sa vie est une guérison énorme.
On se retrouve dans 15 jours pour la 2e partie de cette série sur la culpabilité où l’on va parler de limites. J’ai hâte ! A très vite.